Quand j’ai vu les premiers avis positifs après l’avant-première américaine de Solo: A Star Wars Story, j’ai été rassurée, et j’étais donc pleine d’espoir à notre arrivée au Festival de Cannes. Est-ce que j’en suis repartie satisfaite ? Pas vraiment. Solo n’est pas la catastrophe annoncée par les médias, mais pour moi c’est toutefois le film le moins réussi depuis que Disney a pris les commandes de la saga (car oui, je compte parmi les rares qui ont adoré Les Derniers Jedi).
Que dire de la performance d’Alden Ehrenreich qui était l’objet de la plupart des rumeurs négatives. Eh bien il ne cherche clairement pas à imiter Harrison Ford, ce qui n’est pas plus mal, mais son Han Solo est un personnage très différent de celui que l’on connaît. Tellement différent, qu’on dirait qu’il ne s’agit pas du même personnage... Si bien que le film s’efforce à multiplier les références comme pour tenter de nous convaincre.
Ces références devraient toutefois satisfaire la plupart des fans hardcore qui reconnaîtront des événements évoqués dans les livres notamment (que j’ai lus il y a très longtemps, dans une galaxie lointaine…) et dont je ne me serais pas souvenue si BlondeLegendaire ne me l’avait pas fait remarquer. Mais c’est aussi un des problèmes du film qui passe beaucoup de temps à vouloir tout montrer (son passé avec l’Empire, la symbolique des fameux dés, la rencontre entre Han et Chewie, la partie de Sabbac qui a permis à Han d'obtenir le Faucon Millenium qui appartenait à Lando, "I know", Han shot first…) au détriment de l’intrigue principale du film et du développement des personnages. Le film va trop vite, surtout au début sur Corellia (séquence dont on aurait pu se dispenser selon moi), sans qu’on parvienne à rentrer vraiment dedans, à s’attacher aux deux personnages principaux Han et Daenerys Targaryen/Qi'ra (Emilia Clarke), et encore moins à être convaincus par leur histoire d’amour, qui paraît bien niaise comparée à celle qu’il aura plus tard avec Leia.
Heureusement, les personnages secondaires sont là pour remonter le niveau. Woody Harrelson est parfait, comme toujours, dans le rôle du criminel Tobias Beckett, tout comme Paul Bettany qui interprète Dryden Vos, le leader de l’Aube Écarlate, bien que son temps d’écran soit limité. C’est aussi le cas pour Thandie Newton, clairement sous-exploitée dans le rôle de Val. Mais ce sont surtout Lando Calrissian (Donald Glover) et son droïde révolutionnaire L3-37 (Phoebe Waller-Bridge) qui sont à l’origine des moments les plus émouvants et du film, et leur relation est finalement bien plus touchante que celle de Han et Qi’ra. Leur duo est également responsable des rares sourires que l’on peut avoir dans le film, car Solo est loin d’être aussi fun que les épisodes VII ou VII ou d’avoir les punchlines de la trilogie originale.
D’un point de vue visuel, le film est intéressant. Le braquage du transport conveyex Railcrawler 20-T aperçu dans la bande-annonce est une vraie réussite et ne ressemble à rien ce ce que l’on a pu voir dans la saga. Ce film m’a d’ailleurs parfois plus penser à la série Firefly (notamment la bande de Beckett) de Joss Whedon, Mad Max (qui a clairement inspiré le look des Cloud-Riders), voire à Alien pour la créature qui apparaît dans l'Amas de Si'Klaata. La scène obligatoire de la "Cantina" a lieu quand la bande rencontre Lando, alors que le QG de Dryden Vos rappelle un peu Canto Bight bien que les créatures m’aient plus rappeler l'édition spéciale de 97 (ceci n’est pas un compliment). Il y a aussi un hommage évident au Retour du Jedi et plus particulièrement au Palais de Jabba plus tard dans le film, Beckett arborant même un casque similaire à celui de Lando.
En conclusion, Solo n’est pas le naufrage annoncé et devrait plaire à de nombreux fans. Mais si on met la saga Star Wars de côté, c’est un film qui vous laisse un peu froid et qui semble plus être un prétexte pour enchaîner les références. En ce sens, il souffre peut-être du même problème que la prélogie qui, en s’efforçant d’expliquer tant bien que mal l’origine de Dark Vador, avait perdu la magie d’une saga centrée sur des personnages attachants embarqués dans une aventure extraordinaire.